AGIR ENSEMBLE AUTREMENT

Dans un monde marqué par les inégalités croissantes et les crises environnementales, « Agir Ensemble Autrement » de Fernand Vincent est un appel à l’action et à la réflexion. Ce livre, fruit d’une vie d’engagement et d’expérience, propose une vision audacieuse pour transformer notre modèle de développement et construire un avenir plus équitable et durable.
Fernand Vincent, ancien dirigeant d’associations internationales, nous invite à nous interroger sur notre rôle dans la société et à participer activement au changement. À travers des analyses percutantes et des propositions concrètes, il nous montre comment les organisations de la société civile peuvent s’unir pour redistribuer le pouvoir et répondre aux besoins des plus marginalisés.

LES REACTIONS

Réaction de Phillipe EGGER
Bonjour Fernand,
Merci pour cette contribution brillante qui traduit ton engagement de toujours, ta vivacité d’esprit et ta curiosité. Tu nous épates! Sur le constat que tu fais, celui-ci est largement partagé en cohérence avec les auteurs que tu cites, et que contrairement à toi je n’ai pas tous lus!
Je partage aussi largement ton état d’esprit entre indignation, rejet et révolte.
Que faire donc, mais de manière utile et relativement à nos faibles moyens, ce qui ne devrait pas limiter notre ambition. Sur ce point il serait utile de prendre le temps de la réflexion et de consulter largement au travers de modalités à définir.
Il est opportun de recueillir les avis des personnes en copie pour déterminer d’un commun accord un chemin qui serait utile pour l’IRED et à la hauteur de l’engagement que tu portes et que nous portons.
Peut être devrions nous également recueillir les résultats de la première étape du travail de Paul Foleu pour nous aider dans cette réflexion.
A bientôt donc,
Philippe
Réaction de Olivier VINCENT

Cette envie et ce besoin de changer le monde à 90 ans: chapeau,
évidemment…c'est bien ainsi que Fernand Vincent, agitateur et Organo
social de métier nous pousse à réfléchir…et agir ! Cette position nous
interpelle (a fortiori quand son sang coule dans nos veines). Soit cet élan
part d'un principe de vie: même quand tout va mal, les choses peuvent
changer vite dans un proche futur et il faut creuser la Voie (le devoir
d'espoir d'Edgar Morin en 1936), soit c'est de la naïveté et de la folie au
vu de l'immensité de la tâche, du manque de réalisme, des ressources
limitées, du peu d'intérêt de la grande majorité à trouver des solutions, et
de la pagaille actuelle. En fait ce n'est ni l'un ni l'autre, car une petite
phrase change tout: "j'en ai marre de dire que l'on ne peut rien faire".
S'indigner c'est bien, agir c'est mieux: en effet, et c'est imparable. Sinon
la porte est ouverte à un monde désabusé, puis nihiliste. Il serait trop

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facile de dire qu' "une fois le plus le vieux vient avec des idées utopiques
!". Alors la question est 'what has to be done'? Et surtout comment ?
qu'est-il réaliste d'entreprendre pour répondre à ce nouvel impératif
catégorique ? Actuellement, le monde ne va pas dans la bonne direction :
il faut avant tout changer la boussole du système. Un changement de
système complet comme tu le projettes a seulement eu lieu par le passé
grâce à la technologie (découverte du feu, agriculture, machine à vapeur,
internet) ou par la révolution politique ou religieuse (occasionnant par la
même des millions de morts). Les
derniers pays sortis de la pauvreté l'ont fait grâce au pétrole ou en
adoptant le capitalisme existant, sa technologie et parfois sa culture: le
Japon, les Tigres de l'Asie du sud-est, puis la Chine, avec tous les défauts
que l'on connaît et que tu décris dans ton article : inégalités, violences
systémiques et environnementales. Un changement pacifique et
bénéfique pour la majorité sur la base d'un mouvement de la société
civile serait inédit dans l'Histoire. A rebours de cette tendance, le modèle
démocratique est actuellement remis en question de partout : en Chine, en
Russie, en Afrique, etc et même pourrait-on dire, aux USA et en Europe
avec une poussée des extrêmes droites (sans parler de l’islamisme
radical). En lisant ton article, et c'était ma première réaction, j'ai pensé
que c'était la réflexion d'une certaine génération qui a vécu la
reconstruction d'après-guerre, la mise en place de l'ONU, les Trente
glorieuses, les indépendances, génération à laquelle j'appartiens presque
moi-même (1973) alors que lors de mes études dans les années 1990 on
parlait encore de globalisation et de fin de l'Histoire. Aujourd'hui, et la
nouvelle génération aura à lui faire face, on assiste à un détricotage de ce
monde et de ce qu'il portait, on assiste au retour à la loi du plus fort et à la
polarisation des nations et des peuples dans de nouveaux blocs. Dans ce
contexte, ton article soulève une question fondamentale qui est celle du
soutien de la majorité à de nouvelles valeurs, nécessaire à une action de
pressuring efficace. Ne pas oublier que la moitié des États-Unis a voté
pour Trump dans le cadre d'un exercice démocratique exemplaire: qui va
presser contre qui ? Et quelles seront les motivations des "pressurers" ?
Un petit nombre sera motivé par un élan humaniste, voire spirituel. La
majorité aura cependant besoin d'une promesse d'un monde meilleur, qui
justifie les sacrifices demandés. Par le passé, la religion a promis le
paradis après la mort (voir Marx, ou actuellement elle promet le paradis
aux martyrs islamistes), le capitalisme a promis l'ascension sociale aux
travailleurs. Il faudra répondre à cette question, en Afrique, mais aussi en
Chine, en Russie, en Europe. Il y a aussi une question de timing : la
justice sociale est-elle la première préoccupation de toutes et tous, alors
que les gouvernements pensent à développer leur puissance ou à résister
aux pressions, voire invasions (cela passe évidemment par le
réarmement), que l'industrie cherche le monopole et la concentration du

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pouvoir économique et financier, que les entrepreneurs se concentrent sur
la technologie et l'intelligence artificielle, que la crise environnementale
nous menace des pires fléaux (et il y a sur ce dernier point un vrai conflit
de priorité avec la justice sociale, alors que les deux sont liés)? Voilà pour
la réaction à chaud et le contexte global tel que je le ressens actuellement.
Il faut donc réorienter la boussole et pointer vers un monde plus juste. Le
message principal que je retiens de ton article et qu'il faut commencer par
identifier les bonnes pratiques qui nous montrent la bonne direction, puis
les fédérer et les promouvoir. Ce que je pourrais ajouter, en qualité de bon
Suisse de gauche mais libéral, (mais tu en parles déjà) c'est que l'agent
ultime du changement est l'individu, certes englobé dans des entités
collectives, mais seul à même de pouvoir agir. Cet individu est trop
souvent peu conscient de ces enjeux et désemparé face aux choix à
effectuer. Et souvent, les choix qui mènent vers un monde plus juste
demandent des sacrifices qui ne sont pas toujours facile voir possibles: la
crise des gilets jaunes suite à la taxation du coût de l'essence pour des
raisons écologiques en est un excellent exemple. Comment demander à
un ménage qui peine à joindre les deux bouts de payer plus cher son café
? Face à cette complexité, le populisme et la promesse de l'accès au
consumérisme sont des réponses faciles et directes, même si l'envie d'un
monde meilleur et plus juste -mais lointain- est toujours là. Il faudrait
donc pouvoir sensibiliser les individus sur les champs du possible et les
relier aux enjeux globaux. Cela passe par l'éducation et la
responsabilisation, qui pourraient être l’enjeu du réseau des réseaux dont
tu parles, une toile d’informateurs-formateurs sur les possibilités
d’action. Chacun devrait pouvoir -et vouloir – faire le bilan des
conséquences de ses actes au plus près des connaissances scientifiques et
objectives, en dehors de toute considération politique. C'est par exemple
l'objectif de sensibilisation de l'Initiative pour des multinationales
responsables sur laquelle nous allons voter tout prochainement. Et si l'on
commençait par gagner ce premier combat ?

Réaction de Véronique VINCENT SAMSON
FV,
Je termine la lecture d’Agir Ensemble Autrement. Bravo pour cette réflexion nécessaire face aux fléaux de ce monde.
Voici mes remarques/suggestions :
  • OK sur le constat (qui n’est pas brillant).
  • L’ONU semble impuissante à résoudre les problèmes de ce monde. Ne faudrait-il pas envisager de partir sur la base d’une nouvelle organisation mondiale tripartie (comme cité) ?
  • Légiférer, oui, mais la politique est en perte de sens, et se dirige de plus en plus vers le populisme et le repli sur soi.
  • Ensemble, évidemment. Inventer des actions communes à l’international OK.
  • Intéressant : O. Wright, Klein, Mouvement des Sans Terre. Efficacité réelle sur le long terme et mise en pratique ?
  • OK stratégie producteurs/salariés/consomma(c)teurs, cependant les salariés ne prendront pas le risque d’être virés, de moins en moins d’électeurs croient en la politique…, les épargnants sont des capitalistes, et pour l’instant, la finance verte n’est pas porteuse (ton expérience en est un exemple).
  • La stratégie proposée semble pertinente, mais comment rassemble tout ce monde ? (cf. Organisation mondiale tripartite plus haut ? et/ou Coalition mondiale avec Charte ?
  • Durant le COVID, dans les pays européens, le commerce local et bio a nettement progressé. Ce n’est plus le cas actuellement car ces produits coûtent plus cher et les gens n’ont plus le pouvoir d’achat nécessaire pour acheter ces produits vertueux. Nombreux sont les lobbys à s’y opposer avec des moyens financiers et politiques conséquents.
  • Enfin, la stratégie du PRESSURING semble la seule capable de s’opposer au système régnant. Pour l’instant, elle est déjà appliquée mais éparpillée, d’où la nécessité d’une Coalition. Je pense notamment à l’exemple récent de Paul Watson dont l’emprisonnement pour désobéissance civile et attaque d’un navire baleinier japonais a fait le tour du monde (notamment grâce aux réseaux sociaux) et mobilisé une bonne partie de l’opinion publique internationale, y compris au Parlement à Genève !
Je m’interroge aussi sur le 1% des plus riches. Ne serait-ce pas à eux de prendre leurs responsabilités et financer des actions/programmes pour rendre le monde plus juste (il me semble que Warren Buffet avait lancé un appel à ses confrères pour payer plus d’impôts et contribuer davantage au développement d’une société plus équitable). La taxe Tobin dont on parle depuis des années serait aussi un remède pour financer des actions/programmes dans ce sens, ainsi que l’annulation de la dette des pays du Sud.
Dans le monde actuel où la technologie se développe à vitesse grand V – y compris l’AI, il me vient à l’esprit le livre d’Asma Mhalla « Technopolitique » qui constate que les géants des Big Tech, entités hybrides, redéfinissent les jeux de pouvoir et de puissance dans le monde, et remettent en cause la démocratie et les Etats. On en a un exemple flagrant avec Elon Musk en ce moment. La proposition de l’auteure : s’y apposer par l’innovation politique.
A demain.
VVS
Réaction de Paul Gabriel FOLEU

Cher Fernand,

J’ai pris le temps de faire une lecture rapide et globale de ton paper avant de proposer une réaction.
Il s’agit ici d’une première réaction,  car je prendrais le temps de faire une lecture approfondie pour proposer une réponse plus concrète aux idées soulevées dans le paper.

Je ne peut être qu’admiratif devant la lucidité et l’objectivité que tu donnes à ta démarche, et elle m’aide à me pousser à faire mieux.

Une partie des questionnements soulevés apparaissent déjà dans tes écrits antérieurs, mais il y a ici de nouveaux points abordés et de nouvelles lectures qui enrichissent la réflexion.

Les constats à mon avis, nous n’aurons pas de mal à les partager.

Le plus difficile c’est d’arriver à s’accorder sur la réponse (l’action) à apporter aux problèmes soulevés, mais aussi à se mobiliser pour agir ensemble. 

Je partage l’avis de ton fils de trouver le moyen d’inclure la jeune génération dans la réflexion, mais je pense aussi que ce qui sera déterminant ce sera de parvenir à établir un pont, un espace de dialogue entre la cette jeune génération et les anciens. Cette insuffisance de la communication entre les générations est à mon avis une des causes principales de la dérive culturelle généralisée que l’on peut observer sur le continent africain.
En Afrique et dans le monde, les institutions les plus fortes sont celles qui ont réussi à conserver et transmettre dans le temps et dans l’espace les expériences et les savoir-faire efficaces.

Le chemin futur de l’IRED peut s’inspirer de son passé et se réinventer à travers une nouvelle génération guidée par les anciens.

La nécessité d’une organisation telle que l’IRED reste actuelle. Mais peut être faudra t-il avoir le courage des choix de réorientation stratégique.
A titre personnel, je souscris largement aux idéaux et valeurs de l’IRED; et je reste déterminé à apporter ma contribution pour que l’IRED puisse encore pendant longtemps apporter sa contribution au développement en Afrique et dans le monde.

Peut-être pourrions nous trouver davantage de  temps d’échanger sur toutes ces questions ? Tes pistes de réflexions constitueraient à mon sens un excellent point de départ. 

Voilà ce que je pourrais dire en ce qui me concerne pour une première réaction.

Bonne Année 2025 à tous

Paul Gabriel

Réaction de Deo NIYONKURU
Cher Fernand,
Je viens enfin de lire ou plutôt relire ton analyse et me joins aux autres pour te féliciter.
Tu me connais assez, je pense, je me contenterai de poser des questions non pas pour remettre en cause ta brillante réflexion, mais pour identifier les pistes  »réalistes » pour avancer.
1. Ton ‘’paper’’ est un réquisitoire virulent du capitalisme/néolibéralisme qui, actuellement contrôle l’humanité et qui est prêt au suicide (en particulier écologique)  pour maintenir ses privilèges. La réélection de Trump en est certainement l’illustration parfaite. Au delà de Trump, l’extrême droite dans toutes les grandes démocraties occidentales (France, Allemagne, Pays-Bas, Italie, etc.) a le vent en poupe. Pour dire qu’une partie importante de la population rejette finalement le monde social que tu appelles de tous les vœux. En Belgique par exemple dont je connais mieux la situation, le parti socialiste, après quelques décennies au pouvoir est actuellement laminé et a de la peine à surnager. Que s’est-il passé? Quels sont les jeux de force en action pour arriver à ce revers? Nous devrons donc en priorité répondre à cette question. Accuser les forces du marché est trop facile. La plupart des pays du Nord sont au bord de la faillite (France, GB, Allemagne) suite aux dépenses engagées dans le social. Quelles pistes proposons nous pour les maintenir à flot? Oui certes taxer es plus riches, mais, ils ne se laisseront pas faire. J’ai vraiment peur que de telles incertitudes ne conduisent à une nouvelle guerre mondiale pour dessiner de nouveaux horizons.
2. Il serait intéressant d’étudier le fonctionnement des pays scandinaves ( Danemark, Norvège, Suède, Finlande) qui présentent   les meilleures performances de qualité de vie. La Suisse, ton pays et la Hollande sont aussi dans ce peloton. Je ne connais vraiment pas ces pays (sauf un peu la Suisse et les Pays-Bas), mais j’entends souvent dire que leur réussite repose avant tout sur la bonne gouvernance; Il me semble que ton paper n’explore pas suffisamment cet ingrédient, mais tu fais bien de nous partager le réflexion de Fodé centrée essentiellement sur elle.
3. Curieusement le déclin des partis socialistes du Nord correspond à celle du forum social mondial. J’ai eu le privilège de participer à trois de ces fora: Porto Allegre, Montreal et Dakar et ai ensuite refusé d’y aller- Les socialistes Belges m’en donnaient toujours l’opportunité- parce qu’à part scander le slogan  »un autre monde est possible » que tu reprends à plusieurs reprises dans le texte, je ne trouve rien de concret que ces fora ont changé. Je peux me tromper et aidez-moi. A Dakar, le président Wade (un fervent défenseur du libéralisme) après avoir longuement refusé de venir ouvrir les cérémonies a fini par se présenter quelques minutes (avec deux heures de retard!) pour lâcher une phrase terrible. ‘’Bienvenu au pays de la Teranga (Sénégal), mais je ne crois pas du tout dans votre démarche et ne suis venu que par politesse. C’est seulement par la création de la richesse et idéalement au sein des entreprises privées que l’on dégage des moyens pour garantir des services sociaux durables et de qualité’’. C’est pourquoi ta proposition du soutien à la création de petites entreprises me séduit. De tout mon travail de développement, car je suis en plein bilan depuis que je viens de décrocher, la création de la MDE ( des milliers d’emploi) et des coopératives agricoles ou d’artisans (une cinquantaine avec près de 20.000 bénéficiaires!) représentent sans nul doute les meilleurs succès. Nous devrions en conséquence approfondir cet aspect. Comment aller plus loin?
4. La pauvreté et les inégalités comme corollaire ne sont pas uniquement des fruits du manque de l’argent et de la technologie,(un message que je martèle à plusieurs reprises dans mon livre) mais aussi de multiples exploitations dont a souffert et souffre encore l’Afrique, page 68 et ailleurs du livre;
L’Affrique n’est pas pauvre uniquement par manque de ressources et de technologie, comme veulent nous le faire croire la Banque mondiale , le FMI et les différents formes de coopération. Loin s’en faut! L’esclavage, la colonisation et aujourd’hui les différentes formes de néo colonialisme (la dette, la promotion de la voie unique occidentale, 
La violence, les guerres et les coup d’États, les sanctions économiques, les assassinats, etc. sont devenus de puissants instruments pour mettre au pas l’humanité entière derrière les intérêts des multinationales qui contrôlent désormais les pays les plus puissants du globe. Les décrets signés par Trump cette semaine en sont l’illustration parfaite. Toute nation qui cherche à contester la suprématie américaine, quel que soit son orientation politique se verra désormais imposé des sanctions qui mettront à mal son économie. Les pays d’Europe occidentale, malgré leur puissance et une idéologie libérale partagée avec les USA en font actuellement les frais.
La violence devient progressivement le  mode de contrôle du pouvoir et le discours sur le respect des droits humains, de la démocratie, de la bonne gouvernance sonne de plus en plus creux, alors qu’il reste le socle du changement de paradigme que tu mets en avant. C’est bien gentil de prêcher la non violence de Ghandi ou de Martin Luther King pour changer le monde, mais soyons conscients du ‘’Cannibalisme’’ du capitalisme mondial. Et heureusement que tu mets en avant des méthodes plus corsées comme celles du Mouvement des Sans terre avec lesquels  j’ai eu le privilège  de passer quelques heures dans l’occupation d’un Hacienda jusqu’à ce que l’armée (en réalité une milice privée) vienne nous déloger. Nous étions vraiment pitoyables…Je n’en entends plus trop parler du MST.
Tu fais bien d’aller plus loin en explicitant que nous sommes  des épargnants, des consommateurs, des électeurs (Un peu le nouveau slogan du réseau INADES: L’alimentation est un droit, manger, un vote) et là je te suis encore mieux. Épargnants, oui certes , mais nos montants ne représentent que des miettes comme tu l’as si bien expliqué (1% des riches déteint 43% de la richesse mondiale). On assiste aujourd’hui par exemple au retrait systématique des banques occidentales du continent Africain jugées trop peu rentables. Elles sont en général reprises par des banques maghrébines surtout marocaines  qui perpétuent les mêmes mécanismes. Pour dire que les inégalités se structurent en pyramide, y compris dans les sociétés pauvres et parfois avec plus de violence.
J’ai eu le privilège de passer une semaine avec la société civile Palestinienne à Sharm El Sheikh (C’était la seule manière de faire rencontrer ceux de Cisjordanie et de la bande de Gaza)pour un séminaire sur l’éducation populaire. Ils m’ont longuement expliqué comment elle usait et abusait du boycott des produits israéliens, mais aussi les limites du système. Les gens étaient formés à identifier les codes barres, (le 6) mais le système n’a duré que peu de temps, les usines israéliennes  ont carrément change les codes barres des produits. 
En Afrique, le capitalisme n’a pas besoin de toutes ces manœuvres. Il a réussi à convaincre que seuls les produits importés sont sains et de valeur. Comme je ne cesse de le matraquer dans mon livre, le plus grand malheur de l’Afrique est d’avoir perdu l’estime de soi, de se considérer comme peuple inférieur et de passer sa vie à essayer de rattraper l’occident considéré comme le modèle planétaire, une course folle de ‘’rattrapagisme’’ sans issue qui ne fait qu’accroitre le fossé. C’est bien cela qui justifie le choix du titre  et mon engagement actuel, non pas tellement pour le développement (mem si!) mais pour la dignité. Il s’agit de vivre pleinement le moi et ne pas rentrer dans les dynamiques d’accumulation au nom du soi-disant développement. Des étudiants et des professeurs de la faculté d’agronomie à Thiès au Sénégal m’ont dit de faire le jeu de l’Occident en maintenant l’Afrique dans la pauvreté au lieu de les rattraper…
C’est aussi lors de la présentation de mon livre à Gembloux en Belgique que j’ai expliqué que croissance ne rime pas avec développement, un concept que reprendra Olivier de Schutter avec qui nous étions (c’est lui qui a préfacé le livre) pour en révéler sa plénitude (cfr. P.  30 de mon livre). Je crois chaque jour un peu plus à la restauration de la confiance en soi, de l’estime de soi et dans la dignité comme principale fondation du salut de l’Afrique, une conviction que j’ai acquise en suivant les formations du Dr Aboubacar Ly, un médecin vétérinaire Burkinabé fondateur de l’APESS (Association pour la promotion de l’élevage en savanes et au Sahel)et à qui la coopération Suisse (DDC) a coupé les subsides au motif d’être un idéologue dangereux…D’autres heureusement perpétuent son leg. 
Néanmoins, nous devons faire le constat que l’Amérique latine qui a le mieux assimilé ces idées de transformation sociale semble faire du surplace et semble récupéré par les forces du marché comme c’est le cas en Argentine, tandis que le Brésil continue à balancer entre un Bolsanaro de l’extrême droite et un Lula de gauche, alors que le Vénézuéla et le Cuba qui se sont enfoncés dans le communisme ont subi les fureurs de l’oncle SAM, tout en prêtant le flanc par des scandales de corruption honteuses et contraires à leurs principes. 
La conscientisation devrait en tout cas figurer en droite ligne dans la stratégie. J’ai développé en puisant largement chez Ly un module de ‘’formation psycho humaine’’ à améliorer.
Comme le fait Philippe, se pose maintenant la dure réalité des moyens et de la reconnaissance pour devenir les porte flambeaux de ce combat. De nombreuses organisations nous ont devancé et disposent de moyens  comme le CFSI que j’ai cité dans un précédent message, ou je suppose Fodé qui visiblement possède des entrées importantes. 
Quelles sont tes propositions très concrètes sur cette question de faisabilité, sans oublier que nous semblons avoir   mis dans les tiroirs le projet de ‘’Développement autrement’’?
Belle soirée
Réaction de Maria Teresa COBELLI

Cher Fernand,

Tout d’abord merci pour cette énième provocation/incitation à faire bouger les lignes.
Quand quelqu’un de 91 ans nous propose à nous, dont certains ont dépassé les 70
ans, de faire un plan en un premier temps pour les prochaines 25 années c’est
vraiment encourageant et ….ça nous rajeunit! 

Bien sûr ta proposition a l’ambition et les caractéristiques de l’utopie, mais j’apprécie
le fait que dans la seconde partie tu avances des propositions méthodologiques
concrètes, en particulier  là où tu dis: "Nous devrions rassembler toutes ces
« succès stories » pour en faire un socle de départ d’une action plus importante,
intensifiée et dirigée vers le changement   du modèle néo-libéral.” 
et aussi:
"Ne pas réinventer la roue.
Réaffirmer une nouvelle fois que nous devrons nous appuyer sur les OSC existantes
(leurs leaders et leurs membres) qui réalisent déjà des programmes alternatifs
novateurs. Considérer ces expériences comme « la voie à suivre » pour nos
nouveaux programmes communs. Il s’agit en fait d’intégrer les activités alternatives
existantes et de passer le micro ou sectoriel au meso, puis au macro afin que notre
coalition soit capable de peser de tout son poids dans les négociations et les activités
de pressuring que nous organiserons.  "

A ce sujet, l’IRED, comme tu le dis, peut construire à partir de son réseau et du travail
déjà fait dans ce sens.
Je donne un exemple qui, même s’il est daté, à mon avis peut avoir de l’intérêt. Dans
les année ’90, l’IRED Nord avait démarré son activité par une recherche sur
les expériences de lutte contre l’exclusion en Europe du Sud. Pour chacune des
expériences novatrices identifiées on avait rédigé une “fiche FPH”, en suivant le
modèle da la FPH (Fondation pour le Progrès de l’Homme) de Paris qui nous
avait financé et surtout inséré dans le réseau international qui était engagé dans ce
genre de travail de capitalisation de l’existant. Je vous joins juste quelques pages
avec l’introduction et le sommaire + des fiches à titre d’exemple du travail qui avait
été fait et qui avait donné lieu à des analyses intéressantes.

En tant qu’IRED on avait aussi élargi le travail aux autres régions du monde et, à
partir des différentes études de cas,  on avait essayé d’identifier les caractéristiques
d’un paradigme socio-économique alternatif. Vous les trouvez à la page 10 du
livret rouge que j’ai passé au scanner  et dont le titre est “Democratisation through
economic empowerment” . 

9
Je ne prétends pas qu’on lise tout ça; c’est juste une indication méthodologique,
que certains des chercheurs avec qui on avait travaillé avaient trouvé intéressante.
Elle   illustre et rejoint d’ailleurs de manière concrète les propositions de Fernand
et le travail qu’il a déjà fait avec ses livres.
En attendant d’évaluer la faisabilité de tout cela, a mon avis il faudrait viser tout
de suite deux ou trois objectifs très concrets et j’en avance un concernant
l’ONU:  je trouve impératif qu’on se penche sur la question du DROIT DE
VETO , qui bloque toute initiative de paix. Quelle légitimité ont ces puissances
qui en jouissent aujourd’hui de disposer de ce droit, alors que, comme les Etats-
Unis ou la Russie- elles sont les premières à ne pas respecter la Charte de l’ONU?
Que peut-on faire à ce sujet? Qui? Comment? 
A mon humble avis c’est à partir d’une expérience et d’une bataille  concrète
qu’on pourra construire quelque chose de plus ample.
Une fois de plus merci Fernand et bonne année à tous les amis

Mamadou CISSOKHO
« Nous devrions partir de :
·         Ce que nous sommes (nos identités)
·         Ce que nous avons (Nos avoirs, nos savoirs, nos ressources)
·         Ce que nous pouvons (Nos capacités)
·         Pour construire nos vouloirs
Nous devrions réapprendre de nos sages :   «Seuls nous allons vite, ensemble nous allons loin ».
Revisitons l’histoire de l’ évolution des sociétés humaines pour reformuler nos futurs communautaires.
 
Avant Trump, Clinton a décrété : « Trade, No Aid ! ».
L’existence de l’Amérique et sa survie sont incompatibles avec les visions et valeurs qu’énoncent quelques rares leaders
Éclairés comme Carter. Merci à Trump qui nous a mis à l’épreuve.
Agir en communauté ou accepter la soumission éternelle.
De la périphérie, je n’ai pas de réponse.
Que 2025 ressemble à 1945.Le processus de lutte
Le processus de lutte continue. »
 
 
Mamadou CISSOKHO, de la périphérie.
Dakar2.2.2025.
Réaction de Paul Gabriel FOLEU

Bonjour chers tous,

comme promis voici dans le document en pièce un développement plus complet de ma pensée et de mes propositions suites à la lecture du paper de FV.

Je serais ravi d’avoir vos avis et retours sur ces idées.

Bon Weekend à tous.

Document PDF: Réinventer la synergie pour Agir ensemble plus efficacement

Gabriel

Jean Michel SERVET

 suite à propos du soutien Bitcoin

 

parmi les réactions que j’ai survolées trop vite

il y a un correspondant qui voit dans le Bitcoin un modèle d’alternatives… (Gabriel Foleu ?)

Cela fait peur

car c’est un puissant instrument spéculatif et d’enrichissement d’une minorité

je le montre en un chapitre d’une soixantaine de pages dans mon prochain bouquin… à paraitre j’espère fin mars

 

j’en ai traité au cours des dernières années dans plusieurs articles de presse

et récemment je suis intervenu à distance (depuis l’Italie) dans un colloque à Dakar sur la fin du CFA (voir attaché)

Peux tu transmettre ce message et son attaché à Gabriel Foleu (s’il est l’auteur du passage pro bitcoin)?

 

on peut penser qu’une crise bitcoin (si le projet Trump d’étendre l’usage des crypto  s’applique)

si les entreprises s’en servent comme réserve

on aura une crise similaire à celle des subprimes en 2008

née de l’hyperfinanciarisation…

cette crise peut mettre beaucoup de pendules à l’heure mais comme d’habitude les plus fragiles en souffriront le plus

 

d’autant plus que Trump veut interdire aux banques centrales (et en premier lieu à la FED) de produire des crypto…

 

amitiés

jm

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