AGIR ENSEMBLE AUTREMENT

Dans un monde marqué par les inégalités croissantes et les crises environnementales, « Agir Ensemble Autrement » de Fernand Vincent est un appel à l’action et à la réflexion. Ce livre, fruit d’une vie d’engagement et d’expérience, propose une vision audacieuse pour transformer notre modèle de développement et construire un avenir plus équitable et durable.
Fernand Vincent, ancien dirigeant d’associations internationales, nous invite à nous interroger sur notre rôle dans la société et à participer activement au changement. À travers des analyses percutantes et des propositions concrètes, il nous montre comment les organisations de la société civile peuvent s’unir pour redistribuer le pouvoir et répondre aux besoins des plus marginalisés.
LES REACTIONS
Réaction de Phillipe EGGER
Réaction de Olivier VINCENT
Cette envie et ce besoin de changer le monde à 90 ans: chapeau,
évidemment…c'est bien ainsi que Fernand Vincent, agitateur et Organo
social de métier nous pousse à réfléchir…et agir ! Cette position nous
interpelle (a fortiori quand son sang coule dans nos veines). Soit cet élan
part d'un principe de vie: même quand tout va mal, les choses peuvent
changer vite dans un proche futur et il faut creuser la Voie (le devoir
d'espoir d'Edgar Morin en 1936), soit c'est de la naïveté et de la folie au
vu de l'immensité de la tâche, du manque de réalisme, des ressources
limitées, du peu d'intérêt de la grande majorité à trouver des solutions, et
de la pagaille actuelle. En fait ce n'est ni l'un ni l'autre, car une petite
phrase change tout: "j'en ai marre de dire que l'on ne peut rien faire".
S'indigner c'est bien, agir c'est mieux: en effet, et c'est imparable. Sinon
la porte est ouverte à un monde désabusé, puis nihiliste. Il serait trop
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facile de dire qu' "une fois le plus le vieux vient avec des idées utopiques
!". Alors la question est 'what has to be done'? Et surtout comment ?
qu'est-il réaliste d'entreprendre pour répondre à ce nouvel impératif
catégorique ? Actuellement, le monde ne va pas dans la bonne direction :
il faut avant tout changer la boussole du système. Un changement de
système complet comme tu le projettes a seulement eu lieu par le passé
grâce à la technologie (découverte du feu, agriculture, machine à vapeur,
internet) ou par la révolution politique ou religieuse (occasionnant par la
même des millions de morts). Les
derniers pays sortis de la pauvreté l'ont fait grâce au pétrole ou en
adoptant le capitalisme existant, sa technologie et parfois sa culture: le
Japon, les Tigres de l'Asie du sud-est, puis la Chine, avec tous les défauts
que l'on connaît et que tu décris dans ton article : inégalités, violences
systémiques et environnementales. Un changement pacifique et
bénéfique pour la majorité sur la base d'un mouvement de la société
civile serait inédit dans l'Histoire. A rebours de cette tendance, le modèle
démocratique est actuellement remis en question de partout : en Chine, en
Russie, en Afrique, etc et même pourrait-on dire, aux USA et en Europe
avec une poussée des extrêmes droites (sans parler de l’islamisme
radical). En lisant ton article, et c'était ma première réaction, j'ai pensé
que c'était la réflexion d'une certaine génération qui a vécu la
reconstruction d'après-guerre, la mise en place de l'ONU, les Trente
glorieuses, les indépendances, génération à laquelle j'appartiens presque
moi-même (1973) alors que lors de mes études dans les années 1990 on
parlait encore de globalisation et de fin de l'Histoire. Aujourd'hui, et la
nouvelle génération aura à lui faire face, on assiste à un détricotage de ce
monde et de ce qu'il portait, on assiste au retour à la loi du plus fort et à la
polarisation des nations et des peuples dans de nouveaux blocs. Dans ce
contexte, ton article soulève une question fondamentale qui est celle du
soutien de la majorité à de nouvelles valeurs, nécessaire à une action de
pressuring efficace. Ne pas oublier que la moitié des États-Unis a voté
pour Trump dans le cadre d'un exercice démocratique exemplaire: qui va
presser contre qui ? Et quelles seront les motivations des "pressurers" ?
Un petit nombre sera motivé par un élan humaniste, voire spirituel. La
majorité aura cependant besoin d'une promesse d'un monde meilleur, qui
justifie les sacrifices demandés. Par le passé, la religion a promis le
paradis après la mort (voir Marx, ou actuellement elle promet le paradis
aux martyrs islamistes), le capitalisme a promis l'ascension sociale aux
travailleurs. Il faudra répondre à cette question, en Afrique, mais aussi en
Chine, en Russie, en Europe. Il y a aussi une question de timing : la
justice sociale est-elle la première préoccupation de toutes et tous, alors
que les gouvernements pensent à développer leur puissance ou à résister
aux pressions, voire invasions (cela passe évidemment par le
réarmement), que l'industrie cherche le monopole et la concentration du
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pouvoir économique et financier, que les entrepreneurs se concentrent sur
la technologie et l'intelligence artificielle, que la crise environnementale
nous menace des pires fléaux (et il y a sur ce dernier point un vrai conflit
de priorité avec la justice sociale, alors que les deux sont liés)? Voilà pour
la réaction à chaud et le contexte global tel que je le ressens actuellement.
Il faut donc réorienter la boussole et pointer vers un monde plus juste. Le
message principal que je retiens de ton article et qu'il faut commencer par
identifier les bonnes pratiques qui nous montrent la bonne direction, puis
les fédérer et les promouvoir. Ce que je pourrais ajouter, en qualité de bon
Suisse de gauche mais libéral, (mais tu en parles déjà) c'est que l'agent
ultime du changement est l'individu, certes englobé dans des entités
collectives, mais seul à même de pouvoir agir. Cet individu est trop
souvent peu conscient de ces enjeux et désemparé face aux choix à
effectuer. Et souvent, les choix qui mènent vers un monde plus juste
demandent des sacrifices qui ne sont pas toujours facile voir possibles: la
crise des gilets jaunes suite à la taxation du coût de l'essence pour des
raisons écologiques en est un excellent exemple. Comment demander à
un ménage qui peine à joindre les deux bouts de payer plus cher son café
? Face à cette complexité, le populisme et la promesse de l'accès au
consumérisme sont des réponses faciles et directes, même si l'envie d'un
monde meilleur et plus juste -mais lointain- est toujours là. Il faudrait
donc pouvoir sensibiliser les individus sur les champs du possible et les
relier aux enjeux globaux. Cela passe par l'éducation et la
responsabilisation, qui pourraient être l’enjeu du réseau des réseaux dont
tu parles, une toile d’informateurs-formateurs sur les possibilités
d’action. Chacun devrait pouvoir -et vouloir – faire le bilan des
conséquences de ses actes au plus près des connaissances scientifiques et
objectives, en dehors de toute considération politique. C'est par exemple
l'objectif de sensibilisation de l'Initiative pour des multinationales
responsables sur laquelle nous allons voter tout prochainement. Et si l'on
commençait par gagner ce premier combat ?
Réaction de Véronique VINCENT SAMSON
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OK sur le constat (qui n’est pas brillant).
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L’ONU semble impuissante à résoudre les problèmes de ce monde. Ne faudrait-il pas envisager de partir sur la base d’une nouvelle organisation mondiale tripartie (comme cité) ?
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Légiférer, oui, mais la politique est en perte de sens, et se dirige de plus en plus vers le populisme et le repli sur soi.
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Ensemble, évidemment. Inventer des actions communes à l’international OK.
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Intéressant : O. Wright, Klein, Mouvement des Sans Terre. Efficacité réelle sur le long terme et mise en pratique ?
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OK stratégie producteurs/salariés/consomma(
c)teurs, cependant les salariés ne prendront pas le risque d’être virés, de moins en moins d’électeurs croient en la politique…, les épargnants sont des capitalistes, et pour l’instant, la finance verte n’est pas porteuse (ton expérience en est un exemple). -
La stratégie proposée semble pertinente, mais comment rassemble tout ce monde ? (cf. Organisation mondiale tripartite plus haut ? et/ou Coalition mondiale avec Charte ?
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Durant le COVID, dans les pays européens, le commerce local et bio a nettement progressé. Ce n’est plus le cas actuellement car ces produits coûtent plus cher et les gens n’ont plus le pouvoir d’achat nécessaire pour acheter ces produits vertueux. Nombreux sont les lobbys à s’y opposer avec des moyens financiers et politiques conséquents.
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Enfin, la stratégie du PRESSURING semble la seule capable de s’opposer au système régnant. Pour l’instant, elle est déjà appliquée mais éparpillée, d’où la nécessité d’une Coalition. Je pense notamment à l’exemple récent de Paul Watson dont l’emprisonnement pour désobéissance civile et attaque d’un navire baleinier japonais a fait le tour du monde (notamment grâce aux réseaux sociaux) et mobilisé une bonne partie de l’opinion publique internationale, y compris au Parlement à Genève !
Réaction de Paul Gabriel FOLEU
Cher Fernand,
J’ai pris le temps de faire une lecture rapide et globale de ton paper avant de proposer une réaction.
Il s’agit ici d’une première réaction, car je prendrais le temps de faire une lecture approfondie pour proposer une réponse plus concrète aux idées soulevées dans le paper.
Je ne peut être qu’admiratif devant la lucidité et l’objectivité que tu donnes à ta démarche, et elle m’aide à me pousser à faire mieux.
Une partie des questionnements soulevés apparaissent déjà dans tes écrits antérieurs, mais il y a ici de nouveaux points abordés et de nouvelles lectures qui enrichissent la réflexion.
Les constats à mon avis, nous n’aurons pas de mal à les partager.
Le plus difficile c’est d’arriver à s’accorder sur la réponse (l’action) à apporter aux problèmes soulevés, mais aussi à se mobiliser pour agir ensemble.
Je partage l’avis de ton fils de trouver le moyen d’inclure la jeune génération dans la réflexion, mais je pense aussi que ce qui sera déterminant ce sera de parvenir à établir un pont, un espace de dialogue entre la cette jeune génération et les anciens. Cette insuffisance de la communication entre les générations est à mon avis une des causes principales de la dérive culturelle généralisée que l’on peut observer sur le continent africain.
En Afrique et dans le monde, les institutions les plus fortes sont celles qui ont réussi à conserver et transmettre dans le temps et dans l’espace les expériences et les savoir-faire efficaces.
Le chemin futur de l’IRED peut s’inspirer de son passé et se réinventer à travers une nouvelle génération guidée par les anciens.
La nécessité d’une organisation telle que l’IRED reste actuelle. Mais peut être faudra t-il avoir le courage des choix de réorientation stratégique.
A titre personnel, je souscris largement aux idéaux et valeurs de l’IRED; et je reste déterminé à apporter ma contribution pour que l’IRED puisse encore pendant longtemps apporter sa contribution au développement en Afrique et dans le monde.
Peut-être pourrions nous trouver davantage de temps d’échanger sur toutes ces questions ? Tes pistes de réflexions constitueraient à mon sens un excellent point de départ.
Voilà ce que je pourrais dire en ce qui me concerne pour une première réaction.
Bonne Année 2025 à tous
Paul Gabriel
Réaction de Deo NIYONKURU
Réaction de Maria Teresa COBELLI
Cher Fernand,
Tout d’abord merci pour cette énième provocation/incitation à faire bouger les lignes.
Quand quelqu’un de 91 ans nous propose à nous, dont certains ont dépassé les 70
ans, de faire un plan en un premier temps pour les prochaines 25 années c’est
vraiment encourageant et ….ça nous rajeunit!
Bien sûr ta proposition a l’ambition et les caractéristiques de l’utopie, mais j’apprécie
le fait que dans la seconde partie tu avances des propositions méthodologiques
concrètes, en particulier là où tu dis: "Nous devrions rassembler toutes ces
« succès stories » pour en faire un socle de départ d’une action plus importante,
intensifiée et dirigée vers le changement du modèle néo-libéral.”
et aussi:
"Ne pas réinventer la roue.
Réaffirmer une nouvelle fois que nous devrons nous appuyer sur les OSC existantes
(leurs leaders et leurs membres) qui réalisent déjà des programmes alternatifs
novateurs. Considérer ces expériences comme « la voie à suivre » pour nos
nouveaux programmes communs. Il s’agit en fait d’intégrer les activités alternatives
existantes et de passer le micro ou sectoriel au meso, puis au macro afin que notre
coalition soit capable de peser de tout son poids dans les négociations et les activités
de pressuring que nous organiserons. "
A ce sujet, l’IRED, comme tu le dis, peut construire à partir de son réseau et du travail
déjà fait dans ce sens.
Je donne un exemple qui, même s’il est daté, à mon avis peut avoir de l’intérêt. Dans
les année ’90, l’IRED Nord avait démarré son activité par une recherche sur
les expériences de lutte contre l’exclusion en Europe du Sud. Pour chacune des
expériences novatrices identifiées on avait rédigé une “fiche FPH”, en suivant le
modèle da la FPH (Fondation pour le Progrès de l’Homme) de Paris qui nous
avait financé et surtout inséré dans le réseau international qui était engagé dans ce
genre de travail de capitalisation de l’existant. Je vous joins juste quelques pages
avec l’introduction et le sommaire + des fiches à titre d’exemple du travail qui avait
été fait et qui avait donné lieu à des analyses intéressantes.
En tant qu’IRED on avait aussi élargi le travail aux autres régions du monde et, à
partir des différentes études de cas, on avait essayé d’identifier les caractéristiques
d’un paradigme socio-économique alternatif. Vous les trouvez à la page 10 du
livret rouge que j’ai passé au scanner et dont le titre est “Democratisation through
economic empowerment” .
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Je ne prétends pas qu’on lise tout ça; c’est juste une indication méthodologique,
que certains des chercheurs avec qui on avait travaillé avaient trouvé intéressante.
Elle illustre et rejoint d’ailleurs de manière concrète les propositions de Fernand
et le travail qu’il a déjà fait avec ses livres.
En attendant d’évaluer la faisabilité de tout cela, a mon avis il faudrait viser tout
de suite deux ou trois objectifs très concrets et j’en avance un concernant
l’ONU: je trouve impératif qu’on se penche sur la question du DROIT DE
VETO , qui bloque toute initiative de paix. Quelle légitimité ont ces puissances
qui en jouissent aujourd’hui de disposer de ce droit, alors que, comme les Etats-
Unis ou la Russie- elles sont les premières à ne pas respecter la Charte de l’ONU?
Que peut-on faire à ce sujet? Qui? Comment?
A mon humble avis c’est à partir d’une expérience et d’une bataille concrète
qu’on pourra construire quelque chose de plus ample.
Une fois de plus merci Fernand et bonne année à tous les amis
Mamadou CISSOKHO
Réaction de Paul Gabriel FOLEU
Bonjour chers tous,
comme promis voici dans le document en pièce un développement plus complet de ma pensée et de mes propositions suites à la lecture du paper de FV.
Je serais ravi d’avoir vos avis et retours sur ces idées.
Bon Weekend à tous.
Document PDF: Réinventer la synergie pour Agir ensemble plus efficacement
Gabriel
Jean Michel SERVET
suite à propos du soutien Bitcoin
parmi les réactions que j’ai survolées trop vite
il y a un correspondant qui voit dans le Bitcoin un modèle d’alternatives… (Gabriel Foleu ?)
Cela fait peur
car c’est un puissant instrument spéculatif et d’enrichissement d’une minorité
je le montre en un chapitre d’une soixantaine de pages dans mon prochain bouquin… à paraitre j’espère fin mars
j’en ai traité au cours des dernières années dans plusieurs articles de presse
et récemment je suis intervenu à distance (depuis l’Italie) dans un colloque à Dakar sur la fin du CFA (voir attaché)
Peux tu transmettre ce message et son attaché à Gabriel Foleu (s’il est l’auteur du passage pro bitcoin)?
on peut penser qu’une crise bitcoin (si le projet Trump d’étendre l’usage des crypto s’applique)
si les entreprises s’en servent comme réserve
on aura une crise similaire à celle des subprimes en 2008
née de l’hyperfinanciarisation…
cette crise peut mettre beaucoup de pendules à l’heure mais comme d’habitude les plus fragiles en souffriront le plus
d’autant plus que Trump veut interdire aux banques centrales (et en premier lieu à la FED) de produire des crypto…
amitiés
jm