Enseignements du projet Meriem : Favoriser l’émergence et la croissance de produits innovants contre la malnutrition en milieu urbain sahélien
- 14 juin 2024
- Publié par : Publisher Cyber
Retour d’exprience d’un projet financer par l’AFD et la Fondation Bill et Mélinda Gate, publié dans le Cahier Projet du GRET, mai 2024
La région du Sahel est particulièrement touchée par la malnutrition, avec des taux élevés d’anémie chez les femmes et de malnutrition chronique chez les jeunes enfants. Ce fléau prend différentes formes – sous-nutrition, carences en micronutriments, surpoids – et affecte toutes les classes sociales, notamment en milieu urbain.
La période des 1 000 premiers jours, de la conception jusqu’aux 2 ans de l’enfant, est cruciale car la malnutrition à cet âge peut avoir des conséquences irréversibles sur le développement physique et cognitif. Bien que les pouvoirs publics aient mis en place des stratégies pour lutter contre ce problème, peu d’acteurs sont présents sur le terrain, en particulier dans les zones urbaines.
La fortification alimentaire ciblée, qui consiste à enrichir certains aliments en micronutriments essentiels, est une approche reconnue pour prévenir efficacement la malnutrition des femmes et des jeunes enfants. C’est dans cette optique qu’a été mené le projet Meriem, dont ce cahier revient en détail sur le processus de développement d’aliments fortifiés en partenariat avec des entreprises locales.
Le processus de développement des aliments fortifiés
Afin de concevoir des aliments fortifiés adaptés aux besoins nutritionnels spécifiques des populations du Sahel, le projet Meriem a suivi une démarche structurée, depuis la fixation des objectifs nutritionnels jusqu’à la mise en place d’un dispositif de gestion de la qualité.
Fixation des objectifs nutritionnels : définir les teneurs cibles en micronutriments à apporter
L’équipe du projet a d’abord procédé à une évaluation approfondie des carences nutritionnelles les plus répandues dans la région, en particulier chez les femmes et les jeunes enfants. À partir de ces données, des teneurs cibles en micronutriments essentiels (vitamines et minéraux) ont été définies pour chacun des aliments fortifiés à développer.
Formulation de l’aliment de base à fortifier : choix des matières premières, ajustement de la recette
La formulation des produits de base (farines infantiles, produits laitiers, etc.) a ensuite nécessité une sélection rigoureuse des matières premières locales les plus adaptées, ainsi qu’un ajustement minutieux des recettes pour optimiser leur valeur nutritionnelle et leur acceptabilité sensorielle.
Formulation du complément minéral et vitaminique (CMV) à incorporer
Parallèlement, les équipes ont travaillé à la conception d’un complément minéral et vitaminique (CMV) qui serait incorporé aux aliments de base. La composition de ce CMV a été définie de manière à combler précisément les déficits nutritionnels identifiés, tout en respectant les apports recommandés.
Évaluation de l’acceptabilité sensorielle des produits par les consommateurs
Avant toute production à grande échelle, des tests d’acceptabilité ont été réalisés auprès de panels de consommateurs représentatifs, afin de s’assurer que les recettes et les caractéristiques organoleptiques (goût, texture, apparence) des aliments fortifiés étaient en adéquation avec les préférences locales.
Approvisionnement en matières premières et intrants de qualité
L’approvisionnement fiable et régulier en matières premières et intrants de qualité (ingrédients, emballages, etc.) a été une étape cruciale pour garantir la qualité et la sécurité sanitaire des aliments fortifiés tout au long du processus de production.
Définition des procédés de transformation adaptés (mouture, cuisson, etc.)
Les équipes techniques ont également dû définir les procédés de transformation les plus appropriés (mouture, cuisson, etc.) pour préserver au mieux les qualités nutritionnelles des aliments tout en répondant aux exigences de production.
Définition du conditionnement (emballage, format, etc.)
Enfin, un soin particulier a été apporté à la conception du conditionnement (emballages, formats, étiquetage, etc.) afin de garantir la conservation des produits, leur facilité d’utilisation par les consommateurs, ainsi que leur attrait sur le marché.
Mise en place d’un dispositif de gestion de la qualité tout au long du process
Tout au long du développement des aliments fortifiés, un système complet de gestion de la qualité a été mis en place, impliquant des contrôles réguliers sur les matières premières, les procédés de fabrication et les produits finis.
Le dispositif d’accompagnement des entreprises
Conscient que le développement d’aliments fortifiés requiert des compétences techniques et réglementaires spécifiques, le projet Meriem a mis en place un accompagnement complet auprès des entreprises partenaires, depuis le renforcement de leurs capacités jusqu’à l’obtention des autorisations nécessaires.
Renforcement des compétences des entreprises pour le suivi de la production et de la qualité
Une formation approfondie a été dispensée aux équipes de production et de contrôle qualité des entreprises, couvrant l’ensemble des aspects techniques liés à la fabrication des aliments fortifiés : maîtrise des procédés, gestion des approvisionnements, suivi des paramètres de qualité, etc. Cet accompagnement a permis de développer leurs compétences et d’assurer la pérennité du processus de production.
Mise en place de contrôles qualité internes et externes (analyses en laboratoire)
Parallèlement, un dispositif complet de contrôle qualité a été instauré, impliquant à la fois des autocontrôles réguliers par les entreprises et des analyses en laboratoire externes, afin de garantir en permanence la conformité des produits aux normes en vigueur.
Résolution de problèmes de qualité rencontrés (contaminations, non-conformités, etc.)
En cas de problème de qualité identifié, l’équipe projet a travaillé en étroite collaboration avec les entreprises pour en identifier les causes et mettre en œuvre des actions correctives, permettant ainsi de résoudre rapidement les non-conformités.
Obtention des autorisations réglementaires (autorisation de mise sur le marché, certifications)
Enfin, le projet a accompagné les entreprises dans les démarches administratives nécessaires à l’obtention des autorisations réglementaires (autorisation de mise sur le marché, certifications, etc.), conditions indispensables pour commercialiser les aliments fortifiés.
Ces enseignements issus du projet Meriem soulèvent de nombreuses interrogations quant à l’avenir du développement des aliments fortifiés au Sahel. Comment renforcer davantage les compétences des entreprises ? Quels modèles de partenariats faudrait-il privilégier ? Quel rôle les pouvoirs publics peuvent-ils jouer pour créer un environnement favorable ?
Par Claire LIBAM
Source: https://gret.org ; projetmeriem.org
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