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- Date de création 25 septembre 2024
- Dernière mise à jour 25 septembre 2024
AFSA 3ème CONFERENCE PANAFRICAINE SUR LA GOUVERNANCE SEMENCIERE
Justification de la conférence
En juin 2022, l'AFSA a organisé au Sénégal une conférence sur la gouvernance semencière, à laquelle
ont participé des représentants de 23 pays africains. La conférence visait à relever les défis de la
gouvernance semencière et à promouvoir les systèmes semenciers paysans (SSP) pour une transition
agroécologique durable. Elle a souligné l'importance des initiatives continentales en matière de
souveraineté semencière et a exhorté l'Union africaine à améliorer ses lignes directrices sur la
réglementation des semences. À la suite de cette conférence, des festivals de semences paysannes et
des webinaires ont été organisés afin d'intensifier le récit des SSP, en attirant l'attention des médias et
en obtenant la reconnaissance des décideurs politiques.
En mettant en œuvre les recommandations de la série de webinaires de 2022, une stratégie de
campagne triennale intitulée « MA SEMENCE MA VIE » a été élaborée en mars 2023 au Bénin dans le
but de faire reconnaître officiellement et de promouvoir les SSP dans au moins 50 % des pays africains
qui rejettent les OGM. Cette campagne a reçu le soutien de diverses organisations telles que 3AO
(Alliance pour l'Agroécologie en Afrique de l'Ouest) et SKI (Seed and Knowledge initiatives). Par la suite,
une deuxième conférence panafricaine sur la gouvernance semencière s'est tenue en Tanzanie en août
2023, au cours de laquelle des recommandations ont été formulées pour faire progresser les politiques
en faveur des SSP. Avec des délégués de 27 pays africains, y compris des décideurs politiques et des
représentants de la CUA, l'un des résultats de la conférence a été la consolidation du mouvement
continental des semences.
AfricaSeeds, dans son dialogue virtuel d'octobre 2023, s'est focalisé sur les SSP pour diversifier les
systèmes semenciers (https://www.africa-seeds.org/en/our-work/high-level-dialogue/), conduisant à
des plans pour une conférence physique en 2024. En outre, la CUA a lancé une étude au début de 2024
pour mettre à jour les connaissances sur les SSP. Il s'agit là de signes de l'adoption des SSP par les
institutions.
Etant donné que l'une des raisons de la production des « lignes directrices continentales pour
l'harmonisation des cadres réglementaires sur les semences» de la CUA est le succès supposé des
réglementations régionales harmonisées sur les semences au niveau des CER, il est important de noter
que dans toutes les CER, l'harmonisation a été un processus controversé et a été lente à se concrétiser
dans la pratique, si tant est qu'il y en ait eu une. Au cours du processus d'harmonisation des textes
régionaux vers les années 2010, les SSP ont été ignorés et les semences paysannes ont été
criminalisées. Aujourd'hui, quelque 10 ans plus tard, la situation a changé et plusieurs facteurs militent
en faveur d'une reconsidération des orientations de la politique semencière. En plus de ce qui a été dit
plus haut sur AfricaSeeds et l'Union africaine en matière de SSP, il est important de souligner les points
suivants :
• Le 24 avril 2024, le Parlement européen a voté le règlement sur la production et la
commercialisation de matériel de reproduction végétale dans l'UE. Il réduit le nombre de
restrictions des droits des paysans sur les semences.
• Le 26 janvier 2024, dans un article du NewYorkTimes - A 'Revolutionary' Way to Feed the World
That's Very Old -, l'envoyé des États-Unis pour la sécurité alimentaire mondiale fait pression
pour ramener les cultures africaines traditionnelles que les politiques américaines ont
contribué à mettre sur la touche, notamment dans les politiques semencières.
• La Guerre Ukraine - Russie : de nombreux pays, notamment en Afrique, ont connu des pénuries
de céréales et surtout d'engrais nécessaires pour accompagner l'utilisation des semences
commerciales.
• AfricaSeeds a rapporté que les perturbations causées par le COVID-19 ont entraîné une
réduction de la production agricole en raison de l'indisponibilité des semences de qualité
nécessaires à l'ensemencement en temps voulu, tant dans le temps que dans l'espace. Il a été
recommandé que le problème des effets de la pandémie sur le secteur des semences soit
abordé tout au long de la chaîne de valeur des semences. Il a été établi que les effets de la
pandémie sur le secteur des semences sont divers, par exemple : une baisse des demandes
d'agrément pour la production de semences et des perturbations dans la distribution des
semences.
• Les conséquences de la pandémie comprennent une réduction des activités de production de
semences, une réduction de la disponibilité et de l'accès à des semences de qualité sur le
marché et une réduction de certains types de production agricole.
La guerre Ukraine-Russie et la pandémie de Covid ont provoqué un repli identitaire et une prise de
conscience de la nécessité de la souveraineté alimentaire. Dans des pays comme le Sénégal, la
nomenclature des ministères a changé et le ministère de l'agriculture inclut désormais le concept de
souveraineté alimentaire. La souveraineté semencière est la clé de la souveraineté alimentaire.
Pour améliorer la productivité et la sécurité alimentaire, beaucoup de nos pays se sont engagés dans
des politiques semencières (formation, recherche, vulgarisation, etc.) basées sur un système de
certification de variétés dites à haut rendement, résistantes au climat ou précoces. D'énormes moyens
financiers et humains ont été mobilisés depuis des décennies. Cependant, l'accès et la disponibilité de
ces semences restent problématiques. Malgré l'absence de soutien public, les SSP ont traversé toutes
les crises (engrais, pandémies, conflits, climat, financement, etc.). Il a été rapporté que dans plusieurs
pays africains, les semences issues de ces systèmes ont été utilisées lors des deux dernières crises et
se sont très bien comportées dans le cadre de pratiques agroécologiques.