Face à l’ampleur du défi nutritionnel dans la région du Sahel, le projet Meriem a mené un travail approfondi de développement d’aliments fortifiés en partenariat avec des entreprises locales. Cette initiative ambitieuse, menée dans trois pays (Burkina Faso, Niger, Mali), visait à concevoir des produits adaptés aux besoins spécifiques des populations urbaines, en particulier les femmes et les jeunes enfants.
À travers ce projet, les équipes ont suivi une démarche structurée, depuis l’évaluation des carences nutritionnelles jusqu’à la mise en place d’un système de gestion de la qualité. Ce processus de co-construction avec les entreprises a permis de relever de nombreux défis techniques, réglementaires et opérationnels.
Fort de cette expérience, le présent article a pour objectif de partager les principaux enseignements et recommandations issus du projet Meriem. Il revient ainsi en détail sur les différentes étapes clés, depuis la fixation des objectifs nutritionnels jusqu’à la conception du conditionnement, en passant par la formulation des produits, l’accompagnement des entreprises et la garantie de la qualité.
Ces retours d’expérience pourront guider les acteurs impliqués dans la lutte contre la malnutrition dans la région, afin de développer des solutions durables et accessibles pour les populations urbaines vulnérables du Sahel.
Recommandations pour le développement des aliments fortifiés
Fort de l’expérience acquise à travers le projet Meriem, ce dernier volet formule un ensemble de recommandations clés pour favoriser le développement pérenne d’aliments fortifiés dans la région du Sahel.
Renforcer les compétences techniques et managériales des entreprises
Afin d’assurer une production locale de qualité, il est essentiel de continuer à renforcer les compétences techniques et managériales des entreprises agroalimentaires impliquées, en particulier dans les domaines de la formulation, de la production et du contrôle qualité des aliments fortifiés.
Établir des partenariats équilibrés entre les différents acteurs
Le succès de telles initiatives repose également sur la capacité à établir des partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques entre les différents acteurs concernés : entreprises, institutions de recherche, bailleurs de fonds, autorités publiques, etc.
Créer un environnement propice à l’émergence et au développement de la filière
Enfin, la pérennité de cette filière d’aliments fortifiés nécessite la mise en place d’un environnement favorable, à travers des politiques publiques incitatives, un cadre réglementaire adapté, ainsi qu’un accès facilité aux financements et aux intrants de qualité.
Conclusion
Le projet Meriem a permis de concevoir et de tester avec succès un modèle innovant de développement d’aliments fortifiés adaptés aux populations urbaines vulnérables du Sahel. Cette expérience a généré de précieux enseignements, à travers une approche structurée impliquant étroitement les entreprises locales.
Cependant, pour passer à une phase de déploiement à plus grande échelle, trois questions majeures devront être approfondies :
- Comment assurer la pérennité et la viabilité économique de cette filière d’aliments fortifiés, en impliquant durablement les entreprises et en créant un environnement propice à leur développement ?
- Comment renforcer l’accessibilité de ces produits, en termes de disponibilité, de prix abordables et d’acceptabilité par les consommateurs urbains ?
- Comment garantir une adoption à grande échelle de ces aliments fortifiés, à travers des campagnes de sensibilisation et des mécanismes d’incitation, afin d’en faire bénéficier un maximum de femmes et d’enfants vulnérables ?
En répondant de manière concertée à ces défis, les acteurs impliqués pourront franchir une nouvelle étape cruciale vers la lutte durable contre la malnutrition en milieu urbain sahélien.
Par Claire LIBAM
Source: https://gret.org ; projetmeriem.org