Renforcer la cocréation de connaissances pour un conseil agricole plus efficace au Niger

La transition agroécologique, essentielle pour garantir la sécurité alimentaire et la durabilité des systèmes agricoles, nécessite un accompagnement adéquat des agriculteurs. Le conseil agricole joue un rôle crucial dans ce processus, en diffusant des connaissances et en favorisant l’adoption de pratiques agroécologiques.

Parmi les principes fondamentaux de l’agroécologie figure la cocréation de connaissances, qui met l’accent sur le partage horizontal et la coproduction de savoirs entre les agriculteurs, les chercheurs et les autres acteurs du monde rural. Or, au Niger, ce principe est encore peu intégré dans les pratiques de conseil agricole.

Un constat : la cocréation de connaissances, un principe peu appliqué
Une étude menée en 2021 par l’ACOTAF a révélé que la cocréation de connaissances est l’un des principes les moins pris en compte par les acteurs du conseil agricole au Niger. Cette faible sensibilité s’explique par plusieurs facteurs :

• Manque de reconnaissance des savoirs locaux : Les savoirs traditionnels des agriculteurs sont souvent sous-estimés et peu valorisés par les institutions de conseil et de recherche.
• Approches verticales du conseil : Les pratiques de conseil agricole tendent à être descendantes, privilégiant la diffusion de connaissances scientifiques au détriment des savoirs locaux.
• Faibles capacités d’échange et de collaboration : Les agriculteurs et les acteurs du conseil agricole manquent souvent d’espaces et d’outils pour échanger et co-construire des connaissances.

Favoriser la cocréation de connaissances : un enjeu majeur
Renforcer la cocréation de connaissances dans le conseil agricole au Niger est essentiel pour plusieurs raisons :

• Meilleure appropriation des innovations agroécologiques : En impliquant les agriculteurs dans le processus de création de connaissances, les innovations agroécologiques sont plus susceptibles d’être adaptées aux réalités locales et mieux appropriées par les producteurs.
• Valorisation des savoirs locaux : La reconnaissance des savoirs traditionnels enrichit la compréhension des systèmes agricoles et favorise le développement de solutions plus durables.
• Renforcement de l’autonomie des agriculteurs : En participant activement à la production de connaissances, les agriculteurs deviennent des acteurs clés de leur propre développement.

Recommandations pour un conseil agricole plus co-créatif
Pour promouvoir la cocréation de connaissances dans le conseil agricole au Niger, plusieurs actions peuvent être mises en œuvre :

• Reconnaître et valoriser les savoirs locaux : Les institutions de conseil et de recherche doivent adopter une approche inclusive qui reconnaît la valeur des savoirs traditionnels des agriculteurs.
• Promouvoir des approches participatives du conseil : Les méthodes de conseil doivent favoriser l’échange, la collaboration et la co-construction de connaissances entre les agriculteurs et les autres acteurs du monde rural.
• Renforcer les capacités d’échange et de collaboration : Il est nécessaire de créer des espaces et de développer des outils pour faciliter l’échange et la collaboration entre les agriculteurs, les chercheurs et les acteurs du conseil agricole.
• Appuyer la recherche-action participative : La recherche-action participative, qui implique les agriculteurs dans le processus de recherche, est un outil précieux pour la co-création de connaissances agroécologiques.

La cocréation de connaissances est un principe fondamental pour un conseil agricole efficace et adapté aux défis de la transition agroécologique au Niger. En renforçant la reconnaissance des savoirs locaux, en favorisant des approches participatives et en développant les capacités d’échange et de collaboration, il est possible de faire de la cocréation de connaissances un levier puissant pour le développement durable de l’agriculture nigérienne.

Pour aller plus loin: Télécharger le rapport_acotaf_-_cocreation_de_connaissances_et_tae_